La cyberguerre désigne l'utilisation de malwares et autres cyberattaques dans une guerre entre deux pays. Découvrez tout ce que vous devez savoir sur ce nouveau phénomène, qui risque de prendre de l'ampleur dans les années à venir.
Le temps où la guerre se déroulait sur des champs de bataille est révolu. L'essor des technologies numériques a transformé le monde militaire, au même titre que toutes les industries.
Désormais, les pays ennemis s'affrontent dans la sphère informatique par le biais de cyberattaques, de malwares et autres virus. Nous sommes entrés dans l'âge de la cyberguerre.
Les pays tels que la Russie, l'Iran ou la Corée du Nord enrôlent des armées de hackers capables de mener de vastes offensives sur les systèmes informatiques de leurs ennemis. Les pays occidentaux du Five Eyes conservent les capacités de cyberattaque les plus avancées du monde, mais l'écart ne cesse de se resserrer.
Les réseaux d'électricité, de transport, de communication ou même les systèmes financiers d'un pays peuvent être pris pour cible par les hackers. Et contrairement à ce qu'on peut croire, les attaques informatiques peuvent être bien plus dévastatrices que des rafales de mitraillettes ou des bombardements.
Même si aucune cyberattaque n'a causé de décès jusqu'à présent, certaines ont provoqué des dizaines de milliards de dollars de dommages matériels, paralysé des pays entiers ou privé des citoyens de chauffage et d'électricité.
La cyberguerre représente l'une des principales menaces pour le futur de l'humanité. À l'aube d'un conflit mondial amorcé par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les malwares pourraient plonger le monde entier dans le chaos.
Qu'est-ce que la cyberguerre ?
Le terme de cyberguerre désigne généralement une cyberattaque ou une série de cyberattaques menées par un pays contre un pays ennemi. Toutefois, ces assauts peuvent aussi être menés par des organisations terroristes ou par des hackers soutenant un pays sans pour autant être enrôlés par son gouvernement.
Le but principal de telles offensives est de perturber, d'endommager, de dégrader ou de détruire l'infrastructure informatique de l'ennemi. Ces attaques peuvent potentiellement ravager l'infrastructure d'un pays, perturber des systèmes essentiels et causer de lourds dommages matériels voire même la perte de vies humaines.
Quel est le but d'une cyberguerre ?
On distingue généralement les opérations de cyberguerre visant à endommager les systèmes et réseaux informatiques d'un pays, et celles ayant pour but de dérober des informations sensibles.
La cyberguerre peut être utilisée à des fins d'espionnage, dans le but d'assembler des informations sur un pays ou une entreprise à son insu comme des plans militaires, des données économiques ou des secrets commerciaux. Le cyberespionnage repose généralement sur l'usage de spywares ou du phishing et autres techniques d'ingénierie sociale.
Un autre objectif de la cyberguerre est le sabotage, par le biais d'attaques visant à endommager ou à détruire pour provoquer des pertes économiques ou des perturbations. Des attaques au ransomware peuvent être utilisées pour paralyser les systèmes informatiques.
Les hackers à la solde de gouvernements peuvent aussi utiliser les attaques DDoS (déni de service) pour rendre les ressources informatiques inaccessibles à leurs ennemis. Une telle attaque peut aller jusqu'à entraîner une panne du réseau de communication d'un pays.
Une autre cible de cyberguerre est le réseau électrique. Les hackers peuvent lancer des attaques contre les systèmes informatiques de contrôle, entraînant un dysfonctionnement général et causant des pannes d'électricité pour tous les habitants d'un pays.
La propagande fait partie intégrante de la guerre, et c'est également le cas dans l'espace cyber. Afin de discréditer l'ennemi ou de semer la discorde dans la population, les hackers peuvent propager de fausses informations via les réseaux sociaux, les campagnes d'email ou les sites web d'actualité.
Enfin, le but de la cyberguerre peut être de perturber l'économie d'un pays. Le sabotage d'infrastructures essentielles ou le vol de données confidentielles peuvent entraîner des pertes d'emploi, des pertes financières et appauvrir l'ennemi.
Exemples d'opérations de cyberguerre
La cyberguerre n'en est qu'à ses balbutiements et il ne fait aucun doute que le pire reste à venir. Toutefois, plusieurs opérations ont déjà marqué l'histoire.
Stuxnet et le programme nucléaire iranien
Apparu en 2010, Stuxnet est l'un des malwares les plus célèbres. Il aurait été créé par les États-Unis et Israël, même si aucun gouvernement ne l'a admis publiquement. Ce logiciel malveillant cible les systèmes SCADA, et aurait causé plusieurs milliards de dollars de dégâts au programme nucléaire de l'Iran.
Ce malware de type worm s'est très rapidement propagé en Iran, avec plus de 30 000 adresses IP infectées. Le problème fut aggravé par sa capacité à muter. Toutefois, les Iraniens sont parvenus à créer leur propre système de nettoyage et à neutraliser Stuxnet.
Le piratage de Sony Pictures par la Corée du Nord
Autre exemple : le piratage de Sony Pictures par la Corée du Nord en 2014, suite à la sortie du film « The Interview » qui ridiculise Kim Jong Un et met en scène son assassinat.
Un groupe dénommé « Guardians of Peace » a dérobé et dévoilé une montagne de données sensibles dont les numéros de sécurité sociale d'employés, des échanges d'email entre cadres... et des scripts de films à venir.
Suite à cette attaque, la réputation de Sony a été entachée par des emails embarrassants. Les hackers ont également exigé l'annulation de la sortie du film, menaçant d'attentats terroristes dans les cinémas. De nombreux cinémas ont cédé au chantage, et Sony a décidé d'annuler la sortie dans les salles obscures.
Même si la Corée du Nord nie sa responsabilité dans ce piratage, le FBI a identifié des similitudes avec de précédentes attaques menées par ce pays dont le code, les algorithmes de chiffrement et les mécanismes de suppression de données.
La statue du Soldat de Bronze en Estonie
En avril 2007, des émeutes ont embrasé la capitale estonienne Tallinn suite à la décision de relocaliser le monument soviétique du Soldat de Bronze hors du centre-ville. Pour cause, de nombreux Estoniens percevaient cette statue comme un symbole de leurs souffrances pendant la Seconde Guerre mondiale.
Une série de cyberattaques s'en est suivie contre le gouvernement estonien et l'infrastructure essentielle du pays dont le parlement, les banques, les médias et les agences gouvernementales. Ces attaques DDoS ont été menées par des botnets constitués d'ordinateurs infectés.
Quelques mois plus tard, en janvier 2008, le binational russo-estonien Konstantin Goloskokov est accusé d'être l'auteur de ces assauts.
Enemies of Qatar
En 2018, le Républicain américain Elliot Broidy porte plainte contre le gouvernement du Qatar. Il accuse l'émirat d'avoir volé et dévoilé ses emails afin de le discréditer.
Les Qataris l'auraient perçu comme un obstacle à l'amélioration de leur relation avec le gouvernement américain. Le frère de l'émir du Qatar et d'autres proches du pouvoir auraient organisé une vaste campagne de cyberattaques contre 1200 personnes.
Les cyberattaques de la Russie contre l'Ukraine
Depuis de nombreuses années, bien avant l'invasion militaire de 2022, la Russie multiplie les cyberattaques contre l'Ukraine.
En juin 2016, CrowdStrike a accusé le groupe de hackers russe Fancy Bear d'avoir pris pour cible l'artillerie ukrainienne à l'aide du spyware X-Agent propagé via une application Android utilisée par l'armée. Cette opération aurait causé la destruction de plus de 80% des Howtizers D-30 de l'Ukraine.
Le groupe Fancy Bear, affilié au service de renseignement GRU de la Russie, est le seul utilisateur du malware X-Agent. Ce groupe serait aussi à l'origine des piratages du parlement allemand en 2016 et de l'Agence Mondiale Antidopage en 2016.
En décembre 2015, les Ukrainiens ont subi une série de pannes d'électricité durant plusieurs heures. Ce blackout fut causé par une cyberattaque contre le réseau électrique. La Russie a nié son implication, mais tout porte à croire qu'elle est à l'origine de cet assaut.
En 2017, le ransomware NotPetya s'est rapidement propagé en Ukraine et dans plusieurs pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis. Contrairement aux autres rançongiciels, ce malware était conçu pour détruire les données.
La campagne NotPetya a causé plusieurs milliards de dollars de dégâts, et tout porte à croire que ce ransomware a été créé par le GRU.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie accompagne ses assauts militaires de cyberattaques. Pour la première fois dans l'histoire, nous assistons donc à une guerre hybride entre le monde réel et la sphère informatique.
Comment se protéger contre la cyberguerre ?
Vous l'aurez compris : la cyberguerre représente un véritable danger pour le futur. Face à cette menace, il est essentiel de protéger la France, ses entreprises et ses citoyens.
L'une des meilleures façons de préparer un pays à la cyberguerre est d'organiser des exercices et des simulations. Un « cyber wargame » permet de tester les réactions des gouvernements et des entreprises aux situations de cyberattaques majeures.
Ces exercices d'entraînement peuvent permettre d'identifier les failles dans la défense, d'améliorer la coopération entre les entités, et d'apprendre aux participants comment agir efficacement et rapidement pour protéger l'infrastructure essentielle et sauver des vies.
Il est possible de tester différents scénarios pour aider les municipalités, gouvernements et organisations publiques ou privées à se tenir prêts. C'est aussi l'occasion d'évaluer la politique de cyberdéfense en place.
Dans la plupart des pays, cette politique repose sur une stratégie de « défense en couches ». Cette approche implique notamment la sécurisation de l'écosystème cyber, la promotion des standards ouverts, l'implémentation d'un framework d'assurance à l'échelle nationale, mais aussi l'éducation des citoyens et la coopération avec les organisations privées.
En effet, les entreprises jouent un rôle crucial dans la cybersécurité du pays. Elles doivent impérativement accroître leur résilience et renforcer leurs mesures de sécurité pour limiter au maximum l'impact d'une attaque de cyberguerre.
Différentes mesures permettent de renforcer la cyberdéfense d'une organisation, comme l'utilisation de firewalls ou le recrutement de hackers. Toutefois, la priorité est d'initier tous les employés à la cybersécurité.
En cas de cyberguerre, toutes les équipes d'une entreprise doivent être capables d'identifier les signaux alarmants et de réagir rapidement à toute forme d'attaque. Afin de former vos employés à la cybersécurité, choisissez Cyber University !